Attention chef-d’œuvre ! Un incontournable du prog italien au même
titre que "Felona E Sorona", "Isola Di Niente",
"Io Sono Nato Libero", "Ys" ou encore "Palepoli".
Alan Sorrenti est un chanteur très populaire en Italie.
Né en 1950 à Naples, il réside durant sa
jeunesse au Pays de Galles car ayant une mère galloise. Avant
de rencontrer le succès, le napolitain se fait connaître
dans la sphère progressive. Il débute sa carrière
discographique avec "Aria" en 1972 sur le label Harvest
(Pink Floyd, Deep Purple, Barclay James Harvest) où il
s'entoure du batteur Tony Esposito, du bassiste Vittorio Nazzaro,
du claviériste Albert Prince, du pianiste Luciano Cilio,
du contrebassiste Tony Bonfils, du trompettiste André
Lajdi, du tromboniste Jean Costa et Martin Paratore à la
guitare acoustique ainsi que d'un invité de marque.
Ce 33-tours se divise en deux parties bien distinctes : le titre
éponyme qui occupe la face A et trois titres que l'on
retrouve en face B. Assurant également les parties de guitare
acoustique, Alan Sorrenti pour ce premier essai propose un rock
progressif aux orientations folks et psychédéliques
loin de la surenchère symphonique et pompeuse dont nous habituent
les géants du prog transalpin. Bien évidement
la piste la plus attractive est la pièce élastique
en ouverture qui dépasse les 19 minutes. Beau morceau
de bravoure avant-gardiste qui évoque les délires
de Tim Buckley, où la voix émotive, écorchée
vive, plaintive, douloureuse de l'italo-gallois rappelle celle de
Peter Hammil. Ça débute par un vent glacial laissant
place à des guitares acoustiques. Puis arrive un violon
assuré par l'invité de marque qui n'est autre que
le français Jean Luc Ponty. De l'ambiance celtique pastorale
on passe par une atmosphère dramatique et pesante à
la Van Der Graaf Generator, grâce à l'orgue hammond.
Quand un piano mélodique nous libère de cette
pression pour nous plonger dans un décor irréel et
hispanique. C'est Mike Oldfield avant l'heure lorsque des cuivres
nous baladent dans un hymne kaléidoscopique qui se termine
dans un déluge sonore. La suite est magnifique avec le
mélancolique "Vorrei Incontrarti" où la
voix délicate de Sorrenti s'accompagne d'un accordéon
automnal. "La Mia Mente" prend une tournure jazz sous
acide où les cuivres rappellent "Circus" de King
Crimson et la basse fait VDGG tout comme "Un Fiume Tranquillo"
plus intense et qui termine l'album avec une bonne exploitation
des synthés. "Aria" est considéré
comme faisant partie des 100 meilleurs albums de rock progressif
italien. Chronique
de Jean Jacques Perez
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